vendredi 2 mars 2012

Manip' Guetteur / "Watchman" field session

Voilà une session de presque un mois à Ratmanoff qui s'achève et qui nous a permis de mener à bien la fameuse manip' Guetteur. Celle-ci a lieu tous les ans, depuis presque 15 ans. Elle consiste à équiper des manchots royaux d'appareils permettant d'étudier leur écologie alimentaire, tels que des GPS et des enregistreurs de plongée MK9. Tous les animaux étaient cette année équipés en plus d'émetteurs VHF, afin de rendre le travail de récupération plus facile grâce à une antenne sur le toit de la cabane permettant de détecter les piafs sur le retour.
Sur le chemin de Rat', nous nous sommes arrêtés à Pointe Morne pour un passage « cracous et grands albas ». Pour les cracous (pétrels géants), il nous fallait noter la présence ou l'absence de poussins sur tous les nids marqués de la zone. Pour les albas, nous devions passer vérifier s'il y avait des partenaires à baguer (bague métal ou plastique ou les 2) dans les nids repérés par les ornithos pendant le Tour Courbet. Nous sommes ensuite arrivés à Guetteur, pour la mise en place de la manip' du même nom! Tous les ornithos (Thomas, Kéké, Max, Thibaut et moi) ainsi que Micka BCR ont participé à la séance de pose, pendant les deux premiers jours de la session. Il s'agissait de repérer une relève (lorsqu'un partenaire rentre de son voyage en mer, retrouve son conjoint, reprend l'oeuf ou le poussin pour que ce dernier puisse partir à son tour en mer). Les partenaires étaient bombés de deux couleurs différentes (une pour les partenaires qui arrivaient, au plumage tout propre, et l'autre pour ceux qui s'en allaient). Dès que le conjoint partant avait décidé de s'en aller, il fallait l'attraper à sa sortie de la colonie puis l'amener à la cabane, non loin de là, pour l'équiper, le peser, le mesurer et le marquer afin de pouvoir le reconnaître. Nous avons également équipé d'autres individus, les témoins, possédant une VHF seulement; à la relève, les partenaires devaient être équipés pour avoir les deux individus du même couple marqués. Le travail de guetteur à proprement parler a commencé après l 'équipement pour voir revenir nos manchots. Thibaut guettait le matin, moi l'après-midi. Il s'agissait de repérer les manchots équipés rentrant à la colonie et de les intercepter avant qu'ils ne rejoignent leur nid et ne fassent leur relève afin de les peser, remesurer et déséquiper. Les retours se sont cette année répartis presque de façon égale dans le temps, avec au moins un retour par jour et jusqu'à trois, sauf une journée où aucun manchot équipé n'avait décidé de pointer le bout de son bec. Nous avons loupé le passage du Marion Dufresne, rembarquant les derniers VATs de la 61ème mission puisque nous devions rester à Guetteur pour ne pas rater nos animaux équipés. J'en profite pour saluer la vingtaine de partants, et leur souhaiter bon retour et bonne chance pour la suite. Nous n'étions pas là, malheureusement, pour dire au revoir, mais le coeur y était!
La plage de Ratmanoff était toujours aussi magnifique, avec ces milliers de manchots, ces vagues dont le vent effleure la cime en emportant des gerbes d'eau. Il s'agit d'une des plus grandes manchotières dans les TAAF (70000 couveurs, ce qui est assez énorme!!). Quelques lapins, chats et grands albas pouvaient également être observés dans le coin. Les éléphants de mer étaient assez peu nombreux par rapport à la saison des naissances, et quelques otaries traînaient dans le coin également. Nous avons aussi pu voir quelques macas, « perdus » au milieu des couveurs, ainsi qu'une rareté de la nature: un manchot mélanique (noir) a priori reproducteur dans la colonie. Nous sommes arrivés au moment des pontes et éclosions. Les individus que nous avons équipés étaient principalement sur petits poussins ou oeufs à l'éclosion, puis nous avons vu les poussins grandir et s'émanciper un peu. Les parents revenaient nourrir leur petit en régurgitant la nourriture dans leur bec. Il y avait toujours les fameux skuas, à l'affût pour voler des oeufs perdus par des couveurs maladroits ou des poussins mal gardés, ainsi que les pétrels géants et les goéls qui cherchaient à avoir leur part du festin. Ceci était encore plus flagrant lors d'un incident rare: la marée, un jour, était montée « trop haut », jusqu'à emporter couveurs, oeufs et poussins, causant une mortalité assez importante et changeant la morphologie de la colonie par endroits. Nous avons assisté à la scène, impuissants...
Nous avons également reçu de la visite pendant Guetteur, ce qui nous a permis d'avoir des manipeurs pour mener en parallèle une manip' sur le coût énergétique de la marche en équipant des manchots marchant sur la plage en direction de la colonie de GPS, cardio-fréquencemètres et accéléromètres. Certains manchots royaux, pour des raisons pour l'instant inexpliquées malgré quelques hypothèses, sortent de l'eau loin de la colonie et la rejoignent à pied au lieu d'arriver directement en nageant et en sortant de l'eau devant la colonie. Pour avoir des éléments de réponse, il était intéressant d'en connaître plus sur ce que cette marche supplémentaire leur coûte.
L'équipe logistique est passée pendant quelques jours faire des réparations. Deux collègues sont passés nous voir à la journée en visite, et d'autres ornithos sont restés pendant quelques jours, avant que l'équipe PopChat n'arrive pour mener à bien ses travaux sur la dynamique de population des chats de Kerguelen, espèces introduites (mais je reparlerai de ce type de manip' puisque je partirai à Port-Jeanne-d'Arc avec Nath, le Popchat, en fin de mois... vous en saurez donc plus à ce moment!). Finalement, le temps est passé relativement vite, jusqu'à notre départ le 1er mars.

I'm just back from a month-long stay in Ratmanoff to carry out the "famous" "watchman" field session.It has been happening every year for almost 15 years and allows us to better understand the king penguins' foraging ecology by deploying GPS and Time-Depth Recorders (TDR). This year, all the animals were also equiped with VHF transmitters to make it easier for us to find the animals back from sea and retrieve their devices thanks to an antenna on the roof of the cabin.
On the way to Ratmanoff, we stopped at Pointe Morne for a "giant petrels and wandering albatrosses check". We had to record the presence or absence of chicks for all giant petrels' marked nests. We also had to check the presence or absence of wandering albatrosses' mates on the nests marked by birders in October and ring them if needed with either a plastic, a metal ring, or both. We then arrived to Ratmanoff for the start of the "watchman" field session. All birders (Thomas, Kéké, Max, Thibaut and I) as well as Micka from the Communication Office participated in the deployment of devices during the first two days. We had to find birds doing their changeovers (when a king penguin goes back from sea, it goes back to its nest, finds its mate, takes the egg or chick back so it can go to sea as well). The mates were marked with coloured paint spray (one colour for the ones that were going back from sea and one for the ones about to leave the colony). As soon as the departing bird decided to go, we had to manage to catch it before it reached the sea and bring it to the cabin, next to the colony, to fit it with a device, weigh, measure and mark it. Some individuals were also only equiped with VHFs (the control group) and their mates were equiped during the next changeover. The "watchman" work could then begin after the deployments in order to not miss the birds coming back from sea. Thibaut was watching the birds in the mornings, and I was doing it during the afternoons. We needed to spot the equiped birds coming back and to catch them before they had made their changeover, which can happen pretty quickly, in order to weigh and measure them again and retrieve their devices. The returns were well-spaced in time with birds coming back every day but one (from one to three birds per day). We missed the stopover of the Marion Dufresne, which came to bring most field assistants of the 61th mission home since we had to stay at the cabin to make sure we didn't miss our equiped birds. This post is the occasion for me to greet the people who left and wish them a good return trip and good luck. We weren't there but our hearts were in it!
The beach of Ratmanoff was as beautiful as usual, with its thousands of penguins and its waves which tops spread in the wind. It's actually one of the biggest king penguin colonies in the French Southern and Antarctic Lands (70000 breeders! it's huge!). We could also see a few rabbits, cats and wandering albatrosses around every now and then. There were few elephant seals compared to the breeding season and a few fur seals were resting on the beach as well. Lastly, we could see a few macaroni penguins, "lost" among the breeding king penguins as well as a rarity of nature - a melanic (black) king penguin a priori reproducing in the colony! When we arrived, some birds had laid or were laying eggs or others had young chicks already or eggs about to hatch. The penguins we equiped were mostly taking care of a small chick or had an egg near hatching; during the field session we saw the chicks grow bigger and become independent. The parents came back to feed their chick by regurgitating the food in their beak. There still were a lot of skuas, waiting around to steal eggs lost by clumsy breeders or chicks that were not guarded well, as well as giant petrels and kelp gulls trying to have a feast as well. This was even more obvious during a rare event; one day, the tide rose "too high" and reached the breeders; it carried away loads of breeders, eggs and chicks causing an important mortality and changing the morphology of the colony in some parts. We witnessed that scene, helpless...
 We also had a few visitors during the field session, which allowed us to have extra hands to carry out another experiment on the energetic cost of walking in king penguins. We fitted birds walking on the beach towards the colony with cardio frequency meters, GPS and accelerometers. Some king penguins, for unknown reasons indeed leave the water far away from the colony and walk towards it instead of swimming all the way to the colony. To understand why we wanted to gain insight into the energetic cost of this extra walk.
The logistical team spent a few days with us to do some repairs in the cabin. Two colleagues came visit us for a day and other birders came for a few days before the arrival of the "Popchat team" (the team of the field assistant studying feral cats, that were introduced years ago in Kerguelen) (but I'll talk about it some more soon since I'll go to Port-Jeanne-d'Arc to help him out at the end of the month). Well, at the end of the day time flew by until our departure on the 1st of March.



Poussin de pétrel géant à Pointe Morne / Giant petrel's chick in Pointe Morne


Vue que l'on avait pendant un mois sur la manchotière à travers la vitre du Guetteur devant laquelle nous passions tout notre temps / The view we had for a month of the king penguin colony through the « Watchman » window in front of which we spent all our time 


Poussin de manchot royal à Ratmanoff / King penguin's chick in Ratmanoff


Chercher l'intrus: le manchot mélanique de la colonie de Ratmanoff / Spot the odd one out: the melanic king penguin of the Ratmanoff colony


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